Lettre ouverte aux amis tunisiens

12 janvier 2012
Rebecca Tickle


Lettre publiée à peine 2-3 jours avant la chute de Ben Ali........
Nous ne savions pas encore que ce dernier allait décamper, en laissant derrière lui des mines antipersonnel très destructrices....

Le gouvernement français d'abord avait offert de l'aide à Ben Ali pour faire régner l'ordre, ensuite elle était sur le point d'accueillir le dictature déchu, avant de se raviser stratégiquement et déclarant mollement qu'elle gelait les avoirs bancaires de la famille Ben Ali. Enfin François Fillon est sur le point d'être envoyé à Tunis pour donner un coup de main dans la structuration du nouveau gouvernement......... 

Mais de qui se moque-t-on donc!

Nous devons continuer les encouragements à un peuple Tunisien que l'on cherche encore à duper, malgré le départ fracassant du dictateur tant haï.



Genève, 12 janvier 2011

Les mots me manquent devant la brutalité aveugle qui se développe en Tunisie depuis plus de 25 jours maintenant. Pauvre Afrique décidément ! Où est la soi-disant « communauté internationale » qui ailleurs s’est autoproclamée gardienne de la justice et de la démocratie.

Votre frère, mort pour avoir voulu gagner sa vie honnêtement, dans un pays miné par l’autoritarisme, la corruption et la mal gouvernance, n’est pas mort pour rien ! Par son acte héroïque il a contribué à l’éclatement de votre situation si douloureuse au grand jour…. Votre président ne pourra plus désormais se cacher derrière la censure qui cherche à noyer les réalités de la vie quotidienne en Tunisie depuis longtemps. Ce n’est pas qu’en Tunisie que les  gens protestent !  Vous avez des frères et des sœurs qui suivent les événements de façon quotidienne, et qui se battent pour avoir les vraies informations, sans se contenter de ce qui sort des médias édulcorés pour être du politiquement correct.

En tout cas, la mémoire de votre frère, ainsi que celle de la cinquantaine d’innocents qui sont tombés jusqu’ici depuis décembre, est inscrite à jamais dans le ciel. Et contre ça, votre président et sa clique ne peut rien faire.

Rien ne peut faire taire un peuple en colère, ni les sanctions, ni la répression sanglante et les meurtres dans la rue, ni les arrestations de soi-disant dirigeants d’opposition. Car l'arbre qu'on abat cache en vérité une forêt. Quand c’est trop, c’est trop. Et toutes ces violences étatiques qui s’acharnent sur le peuple, ne font que décrédibiliser davantage un pouvoir - le monde ne pourra plus l’ignorer maintenant - qui est sans aucun scrupule.

Le niveau de criminalité du pouvoir en place à Tunis s’affiche désormais au grand jour, car les yeux de monsieur-tout-le-monde est aujourd’hui fixé sur le peuple et la jeunesse tunisienne, qui se bat à main nue pour une vie décente et pour des promesses qui n’ont jamais été tenues, contre une escroquerie d’état par excellence.

Non vos sacrifices ne sont pas vains. Le monde vous regarde, et nous sommes nombreux à vous soutenir  moralement pour votre courage et votre opiniâtreté, à dénoncer ce déferlement de violence de la part d’un gouvernement qui pille plutôt qu’il ne gouverne. La violence là est très sale, et le sang qui coule, faisant pleurer des familles endeuillées entières, ne passera pas inaperçu. Le pouvoir responsable de tout cela devra répondre de ces actes devant Dieu et devant les Hommes, qu’il le veuille ou non.

Votre président est d’ailleurs dépassé, il panique, cela se sent dans son attitude et ses actions répressives. Cela veut dire aussi que vous êtes sur le bon chemin et qu’il faut continuer à réclamer votre dû de toutes vos forces.  Celui qui règne depuis 23 ans sur la Tunisie, faisant croire à tout le monde qu’il est beau et qu’il est gentil, vous doit des comptes, à vous le peuple tunisien d’abord, qui l’avez soi-disant librement et démocratiquement élu. Car la terre-là, la terre de Tunisie, appartient à tous les tunisiens, et pas seulement à un petit clan d’escrocs sans foi et sans remords.

Courage mes frères et sœurs, nos cœurs saignent pour ce que vous êtes en train de subir. Nous vous regardons et nous vous écoutons. Nous sommes avec vous de tout notre cœur. 

Commentaires

  1. Ils sont nombreux qui doivent partir dès 2011 ou au prochain tour par election ou par la révolte des peuples. Sassou nguesso, Paul Biya, Idriss deby , abdoulaye wade, Kabila, dos Santos, Bob Mugabe, Obiang nguema, Kibaki, Kagame, Moubarack, Kadhafi, Bechir, etc... Il faut netoyer le continent de la malédiction et démarrer le décollage.

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