Affaire de viols d'enfants à Bangui M'Poko

Rebecca Tickle



Quelques jours après avoir publié l'analyse qui suit, je suis tombée par hasard sur une lettre ouverte qui m'était adressée par une demoiselle employée par l'Armée française, mais qui ne m'avait pas été adressée. Eh oui... parfois on réagit en s'adressant à quelqu'un en rêve, et on ne le fait qu'à moitié. Vous trouverez donc le lien de la lettre en question en-bas et ma réponse du 24 mai en suivant. 



En lisant ce matin l'article d'un général français au sujet de l'affaire des viols d'enfants à Bangui-Mpoko sur Facebook avec les commentaires, j'ai d'abord noté la condescendance inouie du haut responsable militaire francais, ainsi que le ton victimaire de certains français choqués par le fait que de telles charges puissent peser sur des militaires français.

J'ai ensuite dû surmonter un sentiment de nausée et de rage noire contre cette nouvelle manifestation d'un chauvinisme français versant dans un négationnisme narcissique complètement nauséabond en faveur de l'Armée française.

Le ton arrogant de l'auteur, ne fait que pousser le Centrafricain lamda dans une indignité de colonisé qui ne choque plus personne. Pas un scoop, mais en plein soleil de midi sur la place du village quand même.

Je me suis mise à fouiller sur le net comme je sais le faire quand quelque chose m'interpelle. C'est ainsi que je découvre que l'auteur de l'article en question est un général à la retraite, actuellement conseiller militaire du Chef de l'Etat centrafricain. Il a été également commandant de la MONUSCO au Rwanda en 2010, au coeur du scandale géologique de la région des grands-lacs, et a servi la France dans les environs du génocide contre les Tutsis en 1993 en tant que commandant l'un des derniers détachements français au Rwanda.

Je ne m'étendrai pas sur ce que je pense d'un tel parcours. Néanmoins, un individu passant avec aisance d'un scandale géologique africain à l'autre, sans oublier la conscience particulière de la valeur humaine en lien avec les massacres de masse y afférent, ne m'inspire ni sympathie ni confiance, à l'instar d'autres personnalités du concert des Nations tel que Lamine Cissé ayant fait le cheminement inverse.

Celui qui a posté l'article du Général sur son site est un fonctionnaire de la DGSE, ayant notamment servi à Djibouti, qui demande que l'article soit largement diffusé, naturellement auprès de tous ceux qui se gavent de la présence non seulement militaire en Afrique - une évidence non réfutable - mais aussi d'une présence coloniale inique qui tend à sous-entendre que toute l'histoire des enfants violés n'est que montage et mensonge, au minimum une peccadille.

Dans ses propos, tout le monde est pris de haut par le Général, qui devient le symbole absolu du colon omnipotent, détenteur de la Vérité universelle dans un mépris total du citoyen - africain - centrafricain. Tout cela relayé par des services secrets qui n'ont de tout évidence que le seul souci de préparer le terrain pour des décisions anesthésiantes de la part des autorités françaises, justice française incluse.

Les autorités centrafricaines sont de toute évidence à leur botte, et sont d'ailleurs bien trop occupées depuis plusieurs semaines par les pillages systématiques des fonds alloués au Forum de réconciliation qui débute demain 4 mai dans une cacophonie qui ne dit pas son nom. En effet, ce sont des centaines de millions de fr CFA qu'on entend sauter de poche en poche, des "angolagate" à répétition dont on escamote allègrement autant l'origine que la destination.

Les viols d'enfants centrafricains sous leurs fenêtres n'est donc pas un sujet très intéressant.


Pour revenir au début de l'histoire, où quelqu'un publie sur Facebook un avis du Général Philippe Beny, conseiller militaire du chef de l'Etat centrafricain, en estimant que "plus carré que lui y a pas". Je devine que "carré" égal à "vérité incontestable".

Le papier est posté par Régis Ollivier* sur un site qui s'appelle lecolonel.net avec l'introduction suivante:

"Je pense que s'il est un avis à faire tourner un maximum sur cette affaire qui fait les choux gras dans les médias, c'est bien celui du Général Philippe Beny, conseiller militaire du Chef de l'Etat centrafricain à Bangui. Je compte sur vous. Bien cordialement. RO"

*Régis Ollivier: Fonctionnaire DGSE. Chef de l'antenne DGSE à Djibouti en 1995. Officier superieur (er). Officier de l'Ordre National du Mérite. Diplômé EMSST- École militaire Paris. Diplômé Langues Orientales - INALCO Paris.

A son tour, le Général Philipe Beny* introduit son avis de la façon suivante:

"J'ai un petit avantage sur ceux qui écrivent ou pérorent sans trop rien connaître de la réalité de cette affaire: Je suis à Bangui depuis longtemps, je connais le contexte général, les lieux et nombre des acteurs en cause. En outre, je suis ce qu'on peut appeler "un vieux soldat" qui en a pas mal vu, notamment en Afrique, et je pense être capable de poser un regard un peu plus discursif que d'autres sur tout cela."

*Philippe Beny: Général retraité de l'Armée de Terre. Adhérent UMP. Commandeur de la Légion d'Honneur. Conseiller spécial Sécurité et Défense auprès du gouvernement centrafricain. Chef d'Etat-Major de la MONUSCO en 2010-2011. En 1993, Lieutenant-colonel, il commande le dernier détachement Noroît, unité militaire française au Rwanda selon "La France au coeur du génocide des Tutsis" (Jacques Morel, 1910).


________________________


Veuillez trouver ici l'avis du Général Beny, qu'il qualifie très prudemment de "subjectif":




24 mai 2015

Le fait que la lumière doit être faite sur cette affaire et que les responsables doivent être sanctionnés à la mesure de leurs actes, est évident pour tout le monde, à des degrés différents.

Ce qui interpelle pourtant, est le ton nombriliste et arrogant de certains gradés et autres estafettes assoiffées de galons, de l'Armée française, dans un contexte général de néocolonialisme et d'occupation. L'Afrique francophone n'est plus une colonie française comme nous le savons tous. Ou du moins comme les anciens colons essaient de nous le faire croire depuis 1960.

La justice française donc n'a pas valeur aujourd'hui d'unique repère colonial en Afrique, même si certains le voudraient ainsi. Mis à part la justice française, les analyses diverses, particulièrement au sein de l'Armée française, sont tout à fait en mesure de s'appuyer sur des enquêtes par définition sérieuses, afin de mesurer la gravité des actes posés, plutôt que de chercher à escamoter les culpabilités et à en discuter leur existence, indéniable au demeurant, que l'on observe dans certaines bouches.

Le négationnisme comportemental que nous constatons, ne change rien au cours de l'Histoire.

Ceci dit, les efforts faits par des soldats français qui n'ont rien à se reprocher, et qui font tranquillement leur travail, ne sont nullement concerné par cette réflexion.

Par ailleurs, un choix de profession et un emploi rétribué ne constituent pas un sacrifice, mais un engagement conscient. Sinon alors les trois-quarts de l'Humanité seraient en posture de sacrifice. Le soldat français est employé par l'employeur "Armée française", il n'est nullement en train de se sacrifier en Afrique, n'en déplaise aux sanctificateurs du Soldat Français.

Faut-il encore rappeler ici que l'Armée française en Afrique n'est pas chez elle. S'il lui est demandé le plus souvent d'agir en aide aux populations où elle intervient, dans le cadre de conflits dans lesquels la France a incontestablement sa part de responsabilité, cela ne lui donne pas le droit de se comporter en propriétaire. Encore faudrait-il que les activités humanitaires de l'Armée française soient autre chose qu'une couverture pour des activités bien plus mercantiles, totalement dépourvues d'aspirations humanitaires.

Certaines attitudes nous font comprendre que l'Africain, le nègre pour ceux qui le dénigre, est naturellement considéré comme inférieur par des gens qui se sont toujours considérés comme supérieurs en Afrique. Outre le formatage sociétal africain y relatif, vestiges de siècles d'oppression à travers l'esclavage puis la colonisation, qui a convaincu bon nombre d'Africains qu'ils sont effectivement inférieurs, la profonde négrophobie soutenant les théories esclavagistes et colonialistes, ne saurait continuer son chemin paisiblement. Il est vrai que le colon n'est pas habitué aux réprimandes, et ses réactions peuvent être d'autant plus révélatrices de son comportement naturel qui lui est justement reproché. Sa hargne ne changeront pas les faits. Il n'est aujourd'hui qu'invité et non propriétaire comme il le pense encore trop souvent.

Malgré les guerres et les catastrophes humaines en Afrique, toutes fabriquées par l'Homme, la dignité humaine, la fierté et le respect n'ont ni couleur ni nationalité.

En conclusion, pour répondre à la tirade de gallinacé (qui se trouve ici) de l'estaffette Anaelle Onat, installée sur ses ergots de Miss Estafette, que son acolyte qualifie béatement d'"artillerie lourde", n'a fait que confirmer mon analyse.


Mademoiselle Onat,

Vous n'êtes pas chez vous en Centrafrique. Nous savons que vous croyez être là pour sauver des vies humaines de civils centrafricains. Et la plupart d'entre vous le font très bien. Néanmoins, les vraies raisons de votre présence n'est pas celle-là.

Si un groupe d'Africains avait sodomisé plusieurs enfants français en France, - en temps de paix - vous vous imaginez vous-même le tollé que cela aurait provoqué. Aucun gradé Africain n'aurait pu avoir le culot de minimiser la souffrance de ces enfants français et de mettre en doute les enquêtes révélant les faits.

Mademoiselle Onat, votre diversion - que vous ne maîtrisez de toute évidence pas - qui consiste à dire que la France fait un très bon travail en Centrafrique, donc ces petits négrillons, dommages collatéraux, ne font pas partie de l'Histoire, est le signe irréfutable du déni.

D'une part, l'objectif de la France en Centrafrique est au contraire globalement très discutable justement, et d'autre part, désolée de déstabiliser vos habitudes, ce n'est pas la France qui fait l'Histoire de l'humanité, malgré ses nombreuses tentatives de fabrication. Merci d'avance pour votre compréhension.


P.S. En Afrique on dit "On n'apprend pas au vieux singe à faire la grimace". Les gesticulations d'un avocat défenseur de l'Armée française en Afrique, qui de plus n'est de loin pas le propriétaire de tous les dossiers, ne nous impressionne vraiment pas.

Commentaires

  1. Je vous trouve, madame, assez mal placée pour critiquer sans cesse les position de la France et revenir constamment sur le colonialisme dont souffre les pays africains. Les colons africain maintenant sont les chefs d'états corrompus et les grands trust internationaux. les sommes volées au continent se retrouve dans les banques du pays ou vous résidé me semble t il. A quant vos l'application de vos grands principes dans votre propre pays? Pour le reste je ne commenterai pas vos attaques dénuées de toutes preuves , je laisse à la justice le soins de passer. J'ai remarqué aussi que vous aimiez beaucoup employer les mots "nègre", "sodomiser" dans vos textes contrairement à d'autres, vous font ils du bien, cela vous aide t il?

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  2. Argumentation très médiocre. Même au bac ça ne passerait pas.

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  3. Madame,
    vous exprimez ici un avis péremptoire teinté d'un parti pris déplaisant d'autant qu'il ne repose que sur des informations à vérifier avec honnêteté, nonobstant le fait que vous ne vous êtes certainement jamais rendu là-bas..
    Mais connaissez vous un peu ce beau pays où la corruption règne en maîtresse ( http://www.afrik.com/article26506.html) et où l'on n'hésite pas à jeter un cadavre sous vos roues pour déclarer que vous l'avez tué et espérer un dédommagement financier en criant « bu n'ginza hio ! », ce qui est aussi le nom de la loterie nationale en sango en passant...
    C'est un pays où l'écart entre riches et pauvres est si grand que l'on peut y trouver un empereur sur un trône d'or et de diamants quand ses sujets sucent des cailloux... Un état africain où certains pays regarderaient d'un œil très satisfait le départ des français.
    Alors je me permets, Madame, de vous demander de ne pas aider ces derniers à s'accaparer le bien des centrafricains que de braves soldats européens tentent d'empêcher de sombrer dans la barbarie (http://www.humanite.fr/monde/republique-centrafricaine-les-enjeux-petroliers-d-555172) et de laisser la justice suivre son cours pour le bien de tous.
    Merci d'avance.

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  4. Au cas où vous ne comprenez pas tout, je vous mets la traduction en français à la suite...

    Mbi yeke monlegue wali ti beafrica, na mbi inga kodro ti mbi nzoni na a monlegue ti kodro ni kwe. Bira so a si na kodro ti e so a yeke mbeni ye so a hongbou ngo li ti e kwe.

    Tonga na mo gbou koko ti mbeni si mo nzia mbeni a yeke ga ye ti oussou oussou ndali ti so bgou ngo li na bangue oko a yeke nzoni ape.

    A dou ti Bokassa, a moudjou poto si a nzia lo na ndo ti guende gbia na oko a moudjou poto a nzi lo na ndo ti guende ni dali ti a kota nzara ti be ti ala. A lingbi a la aka ni na lango ngo na gangou so a tourougou ti poto a sala na a monlegue ti be africa na gou saké ousse na doni bala oko na ossio so ape.

    Sala ngo ye ti ala ti a Wa ngangou so, i ba ni ando. A dou ti ndo ti fango gbanga ti ala, ala Wa ni a yeke pika ka Kate ti ala na ni.

    Tene so i yeke tene gué a yeke na do ti sioni sala ngo ye ti a tourougou ti poto na do ti kodro wande. A lingbi mo inga so nzoni salango kwa ti tourougou na béni kodro wande a mou lengue na lo ti sala ye ti kiri kiri ape.

    A ye ti sioni so a tourougou ti poto a sala na be africa so a yeke ye ti tene nzo a pika Kate ti lo na ni ape. A lingbi mo inga so ndo kwa ti a tourougou a sala voundou ngangou na peko ti a ye so a si na ala a yeke gui ti wende a béni ni.

    A monlegue ti kodro be africa kwe a inga ni. 
    A yeke nzoni, i ne tere ti i kete si.

    Singuila.

    -------
    Je suis citoyenne centrafricaine et je connais mon pays et mes compatriotes. Ce que nous faisons sur notre territoire est un autre sujet.

    Un parti pris est forcément désagréable quand il est différent du vôtre et qu'on est adepte de la pensée unique.

    Pour ce qui est de Bokassa, c'est la France qui l'a mis en haut et c'est la France qui l'a enlevé, au gré de ses intérêts de néocolon. Il n'y a d'ailleurs aucun rapport avec les viols d'enfants centrafricains, en 2014, en temps de guerre.

    Votre argumentaire d'occupant méprisant est classique. Votre justice est de toute évidence ce que vous appelez LA justice, comme toujours. 

    Le sujet ici est le comportement négationniste de certains français sur un territoire qui ne leur appartient pas. D'ailleurs la bravoure militaire ne donne pas un droit de propriété. 

    Ces crimes ne sont pas un scoop (ils sont d'ailleurs admis par l'administration militaire francaise), il y en a d'autres que la France essaie de cacher et de nier, en vain. 

    Tous les Centrafricains le savent. 
    Donc respectez-vous un peu. 
    Merci d'avance.

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