Burundi: Afin que nul n'ignore

Rebecca Tickle



Dès son retour, Pierre Nkurunziza annonce la couleur. Il régnera dorénavant par la terreur. 

Ce matin tous les cafés sont fermés. Tout comme les médias privés, tous fermés eux aussi. Les violations des droits de l'homme se commetteront donc à huis clos. 

Les jeunes des quartiers de Bujumbura sont maintenant les yeux et les oreilles du monde. Dans les provinces, on ne connait même pas les details de ce qui se passe dans la capitale. 

Les ponts et les routes sont bardés de points de contrôle. Fouille systématique des portables de civils à la recherche de sms et messages whatsapp compromettant, et confiscation de téléphones. 

Journalistes et activistes ont progressivement tous quitté leur domicile pour se cacher. Personne pour le moment ne sait qui est où.

Les États-Unis évacuent leur personnel non essentiel et ont fermé leur ambassade. 

Le flot de populations en fuite continue de plus belle depuis que Nkurunziza à fait réouvrir les frontières. Plus de 105 000 burundais, en majorité des femmes et des enfants, sont déjà arrivés dans les pays voisins, séparés de leur famille et en piteux état de santé.

Certains responsables politiques burundais évoquent un possible génocide et craignent particulièrement les jeunes miliciens et soldats de Nkurunziza. 

Dans la rue, on soupçonne l'authenticité du coup d'Etat, qui ne serait selon certaines voix qu'une manoeuvre pour justifier une chasse impitoyable aux activistes opposant et à tout mouvement contestataire.

Simba, un étudiant de 21 ans: ils dansaient autour de nous en faisant des signes d'égorgement, tirant en l'air pour nous intimider, et criant que la victoire leur est acquise.

La tentative de coup d'Etat exacerbe les divisions existantes au sein de l'armée et certains observateurs craignent une guerre civile.

Quoi le monde fasse ou ne fasse pas pour les civils burundais dans les jours à venir, l'Histoire notera que tout le monde savait.

En tout cas, le Burundais moyen sait que le pire est à venir. 

Néanmoins, on peut tout lui prendre, tout, mais personne ne pourra jamais lui prendre la dernière assurance de son existence aux yeux de tous, sa liberté de penser. 

C'est cette liberté qui sortira tôt ou tard le Burundi de la barbarie.

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