Centrafrique, le prototype du huis clos silencieux
Sauf en temps de turbulences "extra"ordinaires.
Rebecca Tickle
La RCA n'existe-t-elle aux yeux du monde que depuis le 24 mars 2013?
De quand date cette "pub" d'Oxfam France pour encourager la bonne volonté des âmes bien pensantes? 2013? 2003? 1993?
Est-ce que les gens savent seulement depuis combien d'années dure la situation de profond désarroi de la plus grande partie de ce peuple? Mars 2013 n'est de très loin pas le début de la descente aux enfers des populations centrafricaines, particulièrement celles de l'arrière-pays. Tous ceux qui ont des parents au village savent ce que leur famille endure depuis des années, sans même la connaissance du concept "électricité" ou "eau potable".
C'est juste qu'une fois encore, Intolérable est devenu Normalité depuis des lustres en République Centrafricaine. A part les mots "Bokassa" et "Pays des coups d'Etats", une grande partie des citoyens de ce monde ne savaient même pas que ce pays existait avant décembre 2012.
En 2007 déjà, Médecin sans Frontières parlait des centaines de milliers de Centrafricains qui se cachaient en brousse par intermittence, accouchant, naissant et mourant dans les herbes, buvant l'eau boueuse de la forêt, leurs villages ayant été souvent réduit en cendres par qui était passé en dernier, en représailles pour le passage des avant-derniers. Entre rébellions et armée nationale, selon les humeurs et les saisons.
Le pays est à vrai dire abandonné par les "dirigeants" du pays depuis très très longtemps, au profit d'une mafia inextricable qui a rendu un peuple africain de plus complètement superflu, une fois de plus.
Fi aux balivernes! Le 24 mars 2013 n'a été que la suite de la mafia, la "transition" que nous vivons aujourd'hui n'étant que la suite du début de la suite.
Le conflit sanglant, soi-disant inter-ethnique, anti-tchadien, ou encore interreligieux, n'est en fait que le déchirement de la couverture d'un immense racket souterrain qui refuse de passer le témoin au suivant. Témoin déjà très illégitime puisque les ressources pour lesquelles on se bat n'appartiennent à aucun des belligérents et acteurs sur scène, puisqu'aucuns ne représentent la nation centrafricaine en tant que communauté. Le sommet absolu de la qualité très très démocratique de la République du Gondwana, comme dirait Mamane.
La jalousie maladive, la prédation à outrance, le nombrilisme, la mangeoire du bunker de Bangui, la pathogénie du pouvoir comme une fin en soi dans le format colonial le plus pur, font à eux seuls le "ils ont brûlé les maisons du village, ils ont tué mon mari. J'ai pris les enfants et j'ai couru".
Ce cri de désespoir devenu tellement ordinaire, en Afrique centrale plus particulièrement, est devenu slogan d'un fond de commerce aussi humanitaire que politico-diplomatico-militaire, dont les bénéficiaires ne sont certainement pas les sujets du slogan.
Qu'on ne vienne pas nous dire ensuite qu'on ne savait pas.
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