Réfugiés: Droit à la vie à deux vitesses
Rebecca Tickle
Aujourd'hui le monde s'affole pour la Syrie qui se vide vers l'Europe. Plus de 276 000 personnes déjà. Mais a-t-on jamais compté combien d'Africains fuient leur pays depuis 50 ans, dans des circonstances de guerre, de destruction totale, de malgouvernance et d'abus massifs des droits humains? Ils sont pourtant des millions.
La migration sud-sud ne se ressent pas en Occident, mais elle est évidemment d'un poids monumental pour les sociétés d'accueil. Mais ce n'est que quand le mal arrive chez soi que la douleur se mesure.
L'autre jour j'entendais à la radio, dans un débat a propos des "bons" migrants versus
"mauvais" migrants. Un citoyen bien-pensant décrétait bien fort que les familles syriennes fuyant la guerre étaient admissibles en terme de politique d'asile. Mais que les réfugiés économiques, tels que les Erythréens par exemple, ne devaient pas être admissibles, puisque faux refugiés.
Pourtant, le rêve existentiel est universel et personne au monde ne quitte sa terre et ses parents de gaité de coeur. Surtout, l'Occident n'est jamais aussi rose qu'une vie décente dans son propre pays.
Mis à part que les Syriens sont plutôt blancs ou clairs de peau et que les Erythréens sont plutôt noirs, ce qui donne une dimension résolument négrophobe à la distinction entre "vrais" et "faux" réfugiés, dans la comparaison évoquée en tout cas, regardons au-delà de la simple conscience apparentiste des gens de bien.
Lisons déjà les informations à disposition sur les conditions de vie en Érythrée avant d'émettre des jugements raccourcis à la légère. Depuis plus 15 ans, une immense prison à ciel ouvert, une répression sanguinaire et une économie dans un délabrement avancé. Une des pires dictatures au monde.
Comme Hannah Arendt le disait si bien, "le totalitarisme ne tend pas vers un règne despotique sur les hommes, mais vers un système dans lequel les hommes sont superflus."
Être superflu consiste à ne pas exister aux yeux du système, on est donc dans la négation de toute forme de droit humain. Il s'agit bel et bien d'une guerre ouverte déclarée contre toute une nation. Criminaliser la fuite massive de citoyens dans de telles conditions constitue une double négation de leurs droits et de leur existence.
En clair, l'Érythréen lamda est superflu et ne possède aucun droit élémentaire. Un régime criminel contre l'humanité règne sur le pays dans la terreur. Et pourtant, selon certains, les Eythréens sont des réfugiés économiques, qui par conséquent ils ne doivent pas pouvoir obtenir le statut légal de réfugiés politiques.
Mais où place-t-on donc la limite entre l'économie et la politique d'un pays, d'autant plus dans un régime totalitaire? Le commerce - international - avec un tel régime n'est-il pas particulièrement avantagé par la spécificité politique locale justement? Quelle limite entre un commerce licite et respectueux des droits de l'homme et des échanges basés sur le recel et l'impunité?
La liste des pays à régime dictatorial - totalitaire, notamment en Afrique, est non exhaustive. Les profits engrangés par les puissances économiques et leurs multinationales tentaculaires dans le commerce avec ces régimes le sont aussi.
Cet aspect mondialisant de la question, et inconfortable il faut bien le dire, devra invariablement figurer en priorité dans le débat sur la qualification des réfugiés, et dans la recherche de solutions migratoires. Seule une réflexion sur les causes profondes des déplacements massifs de populations, surtout dans une vision de gagnant-gagnant (eh oui!) pourra être efficace à long terme.
On ne pourra plus faire l'autruche dorénavant en pratiquant la criminalisation-écran de certains réfugiés, car ces soi-disant faux-fuyants qui ne sont ni plus ni moins les victimes une à une d'une guerre socio-politique et économique, à basse intensité au mieux, méthodique, dirigée contre un peuple désarmé. La caution internationale que ces régimes reçoivent, font qu'au nom du concept "village global", tout le monde est responsable.
Le débat est urgentissime. Non pas parce que l'Occident panique devant le flux de réfugiés depuis le début de l'année 2015 particulièrement, mais parce qu'il sagit de centaines de milliers de citoyens du monde dans une souffrance extrême, qui manqueront dans un avenir plus ou moins proche à l'appel de la reconstruction de leur pays en ruine, pour une bonne majorité.
Une véritable bombe atomique en gestation.
L'autre jour j'entendais à la radio, dans un débat a propos des "bons" migrants versus
"mauvais" migrants. Un citoyen bien-pensant décrétait bien fort que les familles syriennes fuyant la guerre étaient admissibles en terme de politique d'asile. Mais que les réfugiés économiques, tels que les Erythréens par exemple, ne devaient pas être admissibles, puisque faux refugiés.
Pourtant, le rêve existentiel est universel et personne au monde ne quitte sa terre et ses parents de gaité de coeur. Surtout, l'Occident n'est jamais aussi rose qu'une vie décente dans son propre pays.
Mis à part que les Syriens sont plutôt blancs ou clairs de peau et que les Erythréens sont plutôt noirs, ce qui donne une dimension résolument négrophobe à la distinction entre "vrais" et "faux" réfugiés, dans la comparaison évoquée en tout cas, regardons au-delà de la simple conscience apparentiste des gens de bien.
Lisons déjà les informations à disposition sur les conditions de vie en Érythrée avant d'émettre des jugements raccourcis à la légère. Depuis plus 15 ans, une immense prison à ciel ouvert, une répression sanguinaire et une économie dans un délabrement avancé. Une des pires dictatures au monde.
Comme Hannah Arendt le disait si bien, "le totalitarisme ne tend pas vers un règne despotique sur les hommes, mais vers un système dans lequel les hommes sont superflus."
Être superflu consiste à ne pas exister aux yeux du système, on est donc dans la négation de toute forme de droit humain. Il s'agit bel et bien d'une guerre ouverte déclarée contre toute une nation. Criminaliser la fuite massive de citoyens dans de telles conditions constitue une double négation de leurs droits et de leur existence.
En clair, l'Érythréen lamda est superflu et ne possède aucun droit élémentaire. Un régime criminel contre l'humanité règne sur le pays dans la terreur. Et pourtant, selon certains, les Eythréens sont des réfugiés économiques, qui par conséquent ils ne doivent pas pouvoir obtenir le statut légal de réfugiés politiques.
Mais où place-t-on donc la limite entre l'économie et la politique d'un pays, d'autant plus dans un régime totalitaire? Le commerce - international - avec un tel régime n'est-il pas particulièrement avantagé par la spécificité politique locale justement? Quelle limite entre un commerce licite et respectueux des droits de l'homme et des échanges basés sur le recel et l'impunité?
La liste des pays à régime dictatorial - totalitaire, notamment en Afrique, est non exhaustive. Les profits engrangés par les puissances économiques et leurs multinationales tentaculaires dans le commerce avec ces régimes le sont aussi.
Cet aspect mondialisant de la question, et inconfortable il faut bien le dire, devra invariablement figurer en priorité dans le débat sur la qualification des réfugiés, et dans la recherche de solutions migratoires. Seule une réflexion sur les causes profondes des déplacements massifs de populations, surtout dans une vision de gagnant-gagnant (eh oui!) pourra être efficace à long terme.
On ne pourra plus faire l'autruche dorénavant en pratiquant la criminalisation-écran de certains réfugiés, car ces soi-disant faux-fuyants qui ne sont ni plus ni moins les victimes une à une d'une guerre socio-politique et économique, à basse intensité au mieux, méthodique, dirigée contre un peuple désarmé. La caution internationale que ces régimes reçoivent, font qu'au nom du concept "village global", tout le monde est responsable.
Le débat est urgentissime. Non pas parce que l'Occident panique devant le flux de réfugiés depuis le début de l'année 2015 particulièrement, mais parce qu'il sagit de centaines de milliers de citoyens du monde dans une souffrance extrême, qui manqueront dans un avenir plus ou moins proche à l'appel de la reconstruction de leur pays en ruine, pour une bonne majorité.
Une véritable bombe atomique en gestation.
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