Centrafrique: L'exercice du Droit de Vote

Rebecca Tickle


13 décembre 2015
Jour de référendum pour ou contre la proposition de la nouvelle Constitution.

Ce jour est important. ON VOTE.

Nombreux seront ceux qui se rappelleront d'avoir apporté aujourd'hui leur pierre à l'édifice qu'ils espèrent voir dorénavant sur le chemin pacifique de la reconstruction.

Certains autres néanmoins, se souviendront d'un jour de violence armée ordinaire, d'un jour de violence politique de plus.

Aujourd'hui dans le "jardin" de Bozizé, Bossangoa ne vote pas. Des hommes en armes ont tiré dès 3h du matin pour empêcher les électeurs d'accomplir leur devoir et aussi leur droit de Citoyen.

"Celui qui s'approchera d'un bureau de vote sera tué" ont décrété les gangsters de la République.

Bossangoa ville morte. Les boutiques sont fermées. Pas la moindre activité hormis les allées-venues des gangsters en armes dans les rues, ayant pris le relais des tirs de dissuasion qui se sont tus vers 7h.

Véritable scène de Far-West.

La promesse de la terre brûlée dans toute sa splendeur, tenue avec la plus belle des rigueurs.

Le message est clair: "C'est Moi ou Rien."

Les gens de Bossangoa vivent dans le Rien, aujourd'hui particulièrement où  leur droit politique leur est nié. On ne pouvait faire plus belle illustration d'une certaine gouvernance, où la citoyenneté du Centrafricain lamda, quelque soient ses croyances, est foulée dans la boue et dans le mépris de ceux qui ont pris les commandes un jour et qui refusent de les lâcher.

CQFD

Même schéma chez les autres dans leur NordSudOuest annexé du "Logone", un hémicorps centrafricain arraché dans un parfum de poudre à canon, au fond de l'imaginaire pathologique d'une bande de hors-la-loi à la solde du Grand d'à côté.

Dans ce fief-là, il a déjà été décrété par le roi Noureddine, qu'il sera interdit de participer à l'élection prochaine du prochain président de la République Centrafricaine.

En attendant, à Bangui aujourd'hui on a voté. Dans les bureaux de vote de l'Orphelinat de St. Charles, de l'école mixte de Gobongo, de l'école Petevo, de l'école maternelle de Lakouanga, de la Mairie, de l'école SAO, de l'école Nzangognan dans le 6e arrondissement, de l'école Collomb à Ngaragba, les électeurs ont fait la queue et ont voté depuis 7h30 du matin. A Bouar aussi on a donné son avis dans les six bureaux de vote de l'Ecole Hermann.

Mais les milices boycotteuses n'ont pas seulement sévi à Bossangoa. A Bria aussi le boycott a été décrété.  Quant à Bangui, des fusillades ont été entendues dans la matinée à Gobongo faisant des blessés, et Koudoukou a été le théâtre d'affrontements à l'arme lourde pendant 2h faisant plusieurs victimes. En raison des échauffourées, les habitants du Km5 ont finalement voté à l'école Gbaya Dombia.

Le refus de manipulations dont tous ont maintenant compris le sens, de ceux qui, ouvertement et une fois encore, ont déclaré la guerre aux Centrafricains qui veulent la paix et la reconstruction avant tout, auront marqué cette journée mémorable. Le résultat du vote est en fin de compte secondaire.

Comme la liberté de penser est inviolable, les ennemis de la Paix perdront tout finalement, comme tous ceux d'ailleurs qui veulent toujours trop gagner.

Commentaires

  1. Très bonne analyse.
    Les fais sont relatés tels que les gens là-bas ont vécus.
    Merci.
    Syl

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Fairplay et politesse... même si votre avis diffère.....

Articles les plus consultés